Etude Nuisances sonores nocturnes Paris

ETUDE 2020 – Privation de Sommeil à Paris : des Parisiens en souffrance abandonnés par les pouvoirs publics.

Découvrez les résultats édifiants de notre étude !


Rappel méthodologique :

  • Sondage réalisé auprès de 1208 personnes déclarant être victimes de nuisances sonores nocturnes et habiter Paris.
  • Le questionnaire a été élaboré à la suite d’une phase exploratoire composée d’entretiens individuels avec des victimes, de témoignages collectés par des associations de riverains et des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux.
  • Le questionnaire de 66 questions ouvertes et/ou fermées était auto-administré en ligne via la plateforme SurveyMonkey du 5 au 21 septembre. Il a été relayé via les réseaux sociaux et les associations et collectifs de riverains.
  • L’étude a été réalisée par Amélie TERRIEN, consultante marketing et fondatrice du Collectif Droit au Sommeil Paris.

En résumé :

Qui sont les victimes de nuisances sonores à Paris ?

Les victimes de nuisances sonores nocturnes à Paris ayant répondu à l’enquête sont majoritairement des actifs âgés de 30 à 59 ans. Par rapport aux données INSEE 2017 sur la population parisienne, ils sont sur-représentés dans Paris Centre et dans les 10ème, 11ème et 18ème arrondissements.

Quel impact sur les victimes ?

Les nuisances sonores nocturnes ont un impact important sur la qualité de vie des victimes, et notamment sur leur santé.

  • La majorité des victimes a besoin de dormir 8 heures par nuit, les 2/3 dorment 5 heures ou moins les soirs de nuisances. 70 % voient leur sommeil perturbé plus de 3 fois par semaine, 29 % tous les soirs.
  • Les conséquences les plus notables sont la fatigue (87%) et l’énervement (85 %), la perte d’efficacité au travail (65 %) et la déprime (49 %).
  • On note aussi que la plupart des victimes, fatiguées, diminuent leurs activités sociales et culturelles et cherchent à quitter Paris le plus souvent possible pour se reposer.
  • 23 % des victimes envisagent de déménager dans un futur proche. Contrainte par un marché immobilier difficile d’accès, la majorité des victimes se retrouve prisonnière de leur appartement et du bourreau de leurs nuits, le bruit.

Quelles sont les causes de ces nuisances ?

Individus bruyants sur la voie publique (75 %), activités bruyantes des Cafés-Restaurants (58 %) et véhicules motorisés (52 %) sont les principales causes des nuisances sonores nocturnes à Paris.

  • Les victimes dénoncent notamment les personnes alcoolisées ou droguées sur la voie publique (56 %), les terrasses des Cafés-Restaurants (45 %), et les deux-roues motorisés (47 %).
  • 2 victimes sur 3 subissent les nuisances depuis plus de 2 ans. Pour 93 % des victimes, les nuisances sonores étaient déjà présentes avant le premier confinement, mais pour la majorité, elles se sont amplifiées depuis le déconfinement.
  • On constate que la nuit parisienne est de plus en plus bruyante : 83 % des sondés relatent une aggravation des nuisances sonores nocturnes depuis l’époque où ils ont emménagé.

Pourquoi s’aggravent-elles ?

L’incapacité des autorités à réguler l’espace public la nuit dans un contexte de mutations profondes explique l’aggravation des nuisances sonores à Paris.

  • L’installation dans la rue d’individus bruyants pendant la nuit (54 %), le développement des cafés, restaurants et de leurs terrasses (46 %), les terrasses dites éphémères (43 %) et le développement de trafics en tous genres (29 %) sont les principales causes de l’aggravation des nuisances sonores.
  • Les victimes témoignent de l’échec des autorités à assurer la tranquillité nocturne et à trouver des solutions durables dans les quartiers à problèmes.
  • Les transformations de la ville, ses mutations économiques et le développement d’une économie nocturne dans Paris sont pointés du doigt en tant que générateurs de bruit la nuit, mais aussi les changements de mœurs, avec des individus de moins en moins respectueux de la tranquillité des voisins, et le développement des musiques à infrabasses.

Pourquoi résoudre un problème de nuisances sonores nocturnes à Paris est-il un véritable parcours du combattant ?

Résoudre un problème de nuisances sonores nocturnes à Paris est un véritable parcours du combattant. Cela contribue à dégrader l’image des autorités et à créer de la défiance à leur égard.

  • Les victimes peinent à trouver des interlocuteurs efficaces pour régler leur problème : la plupart des fauteurs de troubles refusent de remédier au problème, la Police intervient peu car la tranquillité publique est du ressort de la Mairie de Paris, la Mairie est incapable d’agir rapidement et efficacement auprès des fauteurs de troubles, les victimes ne savent plus vers qui se tourner, Police et Mairie se renvoyant la balle selon 72 % des victimes.
  • Le système d’information des victimes, de signalement et de suivi est défaillant. 81 % des victimes se sentent abandonnées par les pouvoirs publics.
  • L’impunité vis-à-vis des fauteurs de troubles fait émerger l’idée de laxisme des autorités mais également d’une connivence, d’autant plus que certains fauteurs de troubles se disent protégés par la Police ou la Mairie. La perte de confiance des victimes vis-à-vis des pouvoirs publics est manifeste.
  • 76 % des victimes considèrent que les pouvoirs publics préfèrent protéger l’intérêt économique des fauteurs de troubles plutôt que leur santé.

Quelles solutions ?

  • Les victimes demandent avant tout que les pouvoirs publics prennent le problème au sérieux et qu’ils fassent appliquer strictement les lois et les chartes en vigueur.
  • Elles désirent en finir avec l’impunité qui règne à Paris : il y a une demande forte de renforcement des effectifs de police la nuit, et de sanctions plus fréquentes, plus dissuasives et plus immédiates.